Haute-route Furka-Susten, le récit des clients !

L’équipe – « des rencontres inattendues de la vie »

« C’est marrant comme les rencontres de la vie ça ne tient à rien, on est là tous rapportés par quelqu’un » nous dit Gilles le premier jour.  

Nous sommes sept : Nico, authentique guide de haute montagne, droit dans ses idées, ses valeurs et ses chaussures de ski, assisté par Gilles, futur aspirant guide, skieur hors pair et gentleman des montagnes dont la bouche laisse échapper de temps à autre une blague inattendue, accompagnent (de g. à d. sur la photo après Nico et Gilles) Nils, Zoé, Théo, Emma et Caroline, copains dans la vie et passionnés de montagne.  

Nous avions rencontré Nico au préalable et discuté de nos attentes. Nous n’avions pas envie d’être baladé d’un sommet à l’autre mais voulions approcher d’un peu plus près les mystères et dangers de la Montagne, comprendre mieux les risques, planifier de meilleurs itinéraires, et travailler un peu de technique (couloir, pente raide, arête). Nous ne le savons pas encore, mais nous ne serons déçus. Pour atteindre ces objectifs, il nous propose l’accompagnement de Gilles, idem, nous ne seront pas déçus.  

Jour 1 - « n’oublie pas le cou » ​

Realp à Albert-Heim-Hutte : 1000 de D+ et 7,27km 

C’est dans le train que nous nous retrouvons tous, le mercredi 22 avril de l’année 2023 à 8h25 à Sion.
La haute-route commence à Realp et nous profitons des 3 heures de trajet pour faire plus ample connaissance. Après 30 minutes de train, Nils retire ses chaussures et nous comprenons tous qu’il s’agira d’être courageux et persévérants durant ce séjour. Les sacs sont lourds de barres et de bonne humeur.  

C’est sous un soleil de plomb, que nous commençons l’ascension. Il fait très chaud et il ne faut pas longtemps avant de nous retrouver tous en t-shirt pour les 1000 premiers m de D+ qui nous mènent à l’Albert-Heim-Hütte où nous passerons la première nuit. La montée se passe tranquillement, au rythme des discussions et de la neige mouillée. Nous arrivons au sommet vers 15h et à la cabane un peu plus tard, où nous entreprenons des exercices de mouflage (sauvetage en crevasse). 

Le soleil se couche et nous allons nous poser, débriefer de la journée et constater des coups de soleil improbable sur les mains et la moitié des oreilles. « N’oubliez pas le cou !»

Jour 2 - « les 1001 conversions »

Albert-Heim-Hütte à Bergseehütte avec option sur l’arête ouest du Müeterlishorn : 1000/1600m de D+, 10/15km  

Après un réveil matinal, ce qui sera une habitude dans la semaine, un café et un bon petit déjeuner, nous rechaussons les skis et repartons pour cette deuxième journée. Nous commençons par une petite descente suivie de 600m d’ascension pour rejoindre le Lochberglücke. Nous avons choisi cet itinéraire car il est moins tracé que le Lochberg voisin, et nous semble plus sauvage.  

Nous portons les skis pour arriver au col et profitons de la vue de ce nouveau versant qui nous attend. La descente est agréable  et une partie du groupe décide de remonter et de rejoindre le Müeterlishorn. Pour la première fois du séjour, nous sortons le piolet, ravis de l’enfoncer dans la neige. Nous marchons le long de l’arête et arrivons heureux au sommet, pour un selfie avec piolet-stick !

La descente est longue et les cuisses crampent alors que la neige s’alourdit de plus en plus. Nous arrivons au bord du Göscheneralpsee que nous traversons par le barrage, puis nous entamons une montée de 500m et au moins 500 conversions pour terminer la journée et rentrer à la cabane. Nous rencontrons Philip, avec qui nous partageons le repas et ensuite le dortoir. « N’oubliez pas non plus vos boules quies !».  

Jour 3 - « Gilles »

Bergseehütte à la Voralphütte en passant par le Schinstock : 800m de D+/7km 

Cela fait déjà trois jours de randonnée et le soleil décide de gentiment nous quitter. Place à la neige et aux plus belles membranes pour ce troisième jour qui commence par une ascension de 600m jusqu’au col. L’ambiance est top et le soleil pointe même le bout de son nez lorsque nous y arrivons. 

Nous décidons de poursuivre et de monter au Schinstock, par l’arête, encordés, découvrant le mot « bequet ».
À la descente, nous en testons l’efficacité : décidément, ça marche bien! Nous « glissons » ensuite un peu laborieusement dans la neige lourde jusqu’au refuge, bercé par le bruit des lagopèdes et les doux cris de Nils : “Gilles !”.  

Nous arrivons à la cabane où nous prenons un gros goûter délicieux, discutons sur quel bandeau est le plus joli, préparons la course du lendemain et changeons de slip. “N’oubliez pas d’en prendre un foncé !” 

Jour 4 - « Azimut sur les crevasses »

De la Voralphütte à la Tierberglihütte par la Chelenalplücke et le Sustenlimi : +-1000 de D/8km 

Le 4ème jour commence par une montée de 1000m, méditative, jusqu’à la Chelenalplücke. Au début, nous suivons les skis de la personne devant nous (jeu du fil), ensuite notre rythme se cale sur l’avancée de la corde qui nous unit. Nous sommes sur le glacier, naviguant entre les majestueuses et impressionnantes crevasses que nous ne découvrons que tardivement à cause de la faible visibilité.  

Nous arrivons au premier col, où Nico monte en premier pour purger la neige. Il en profite pour installer une corde qui nous aidera à monter. Nous nous préparons en bas, enfilons les crampons et prenons le piolet. Nous découvrons la puissance du vent froid en montagne.
Arrivés en haut, Gilles nous mouline de l’autre côté, de manière « stimulante » selon certains.
Caroline en perd son piolet mais il est vite ramassé !
Nous nous rejoignons en bas et continuons notre route vers le deuxième col. 

Le Sustenlimi nous pose plus de problème. La neige accumulée et le degré de la pente nous font craindre une avalanche. Nico met le groupe en arrière et passe en premier jusqu’au col puis redescend une fois pour purger la neige fraîche. Il déclenche une petite plaque au passage, attendue mais impressionnante tout de même !

Arrivés au col, nous nous préparons à la descente jusqu’au refuge. Gilles passe en premier cette fois, très motivé, il est vite freiné par le peu de raideur de la pente et la quantité de puff. Après 100m, nous décidons de nous encorder car les crevasses sont nombreuses et la visibilité est faible. Nous descendons jusqu’au refuge, damant la neige pour les premiers et suivant la piste pour les suivants. Dans tous les cas, les cuisses crampent ! 

Nous débriefons ensemble de cette journée à au moins +10 points d’expérience en montagne pour tous avant de découvrir les talents de cartes de Gilles au « Rikiki », et de bluff de Emma à « Undercover » (avec l’extension).
Nous nous couchons et parfumons le dortoir d’un délicieux fumet de 4 jours de ski de randonnée sans douche.

”N’oubliez pas ce que nous avions dit sur les pieds de Nils au début de l’article !”

Jour 5 - « puff et pêche à la truite »

Tieberglihütte –> Gadmen : 1700m de descente, et retour en transports publics.

Nous nous réveillons pour prendre notre dernier petit déjeuner et nous équipons pour descendre nos derniers 1700m jusqu’au bus. La descente sur glacier est juste majestueuse. La beauté du paysage et la lumière sont incroyables. Nous resterons tous marqué par ce moment. La neige est bonne et nous nous régalons. Pendant que certains observent des chamois ou écoutent des cris de lagopède, d’autres chutent et encore d’autres pêchent la truite (allusion à une traversée de rivière infructueuse !)

Arrivés à Steingletscher, nous portons les skis car la route est malheureusement déneigée. Nous les rechausserons un peu plus bas, puis re-déchausserons jusqu’à arriver à l’arrêt de bus. Après 5 correspondances, nous nous quittons. Le sac à dos est plus léger : il est vide de barres et de pâtes de fruits (dites « PDF »), le bonheur et les souvenirs extraordinaires ça ne pèse presque rien !

Texte écrit par Zoé, un tout grand merci à elle d’avoir pris le temps de le faire !
Et un immense merci à toute l’équipe pour cette superbe haute-route !!

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